La chronique rugby du plaqueur plaqué: le cas Clermont.
Outre l'armada toulonnaise, quel club peut se payer le droit de disputer la grande finale européenne et une demie-finale de Top14 - un des championnats les plus relevés au monde - en une semaine ? La réponse est à chercher du côté du Massif Central avec Clermont-Ferrand. Mais si Toulon est devenu champion d'Europe et s'est qualifié pour la finale du Top14, Clermont a pris le bouillon. Retour sur une semaine jaunarde cauchemardesque.
Attention à la - dernière - marche !
Avec notamment la meilleure attaque et la meilleure défense du championnat, c'est tout logiquement que Clermont termine en tête de la saison régulière. D'ailleurs depuis plusieurs années, Bernard Laporte - actuel manager de Toulon - critique le ridicule de la formule française où le leader n'est pas sacré champion.
Mais si Clermont a obtenu cette saison les meilleures stats en France, il en est de même au niveau européen avec 100% de matchs victorieux lors des matchs de poules et de phases finales. Invincible Clermont ? Les stats sont faites pour être réfuter. En effet, jamais une équipe invaincue avant la finale n'a réussi à remporter la H-Cup … et une fois de plus cela s'est vérifié à Dublin ce 18 mai. Le vainqueur Toulon ayant quant à lui connu une défaite, lors de la phase de groupes à Montpellier, au terme d'un match rocambolesque. Mais dans cette finale, Clermont avait le match en main avec plus de deux essais d'avance. Le problème c'est que du côté toulonnais, il y avait la botte d'un certain Jonny Wilkinson, auteur d'un 100% au pied lors de ces phases finales européennes. C'est à un quart d'heure de la fin du match que la défense clermontoise craque, sur une perte de balle jaunarde et un contre de 50 mètres mené par Delon Armitage, se permettant même de narguer en tête à tête Brock James.
Clermont s'incline donc 16 à 15 et échoue à un rien de Toulon. Ce rien aurait pu être le drop de David Skrela dans les dernières minutes... mais il fut contré par Mathieu Bastareaud. Sir Jonny fut quant à lui élu le lendemain joueur européen de l'année par l'ERC.
Une répercussion psychologique et physique.
Tel un coup de massue sur les têtes clermontoises, difficile était le lendemain avec une demie-finale de championnat à jouer du côté du Stade de La Beaujoire à Nantes. Si le vendredi soir, Toulon a profité de l'euphorie de sa victoire européenne pour étouffer le Stade Toulousain 24-9, Clermont était quant à lui sur une toute autre dynamique à l'heure d'affronter le Castres Olympique.
Club peu médiatisé, les Tarnais pouvaient créer la surprise malgré un budget trompeur, le neuvième du championnat. Et c'est ce qu'il s'est passé. En effet, dominé dans tous les secteurs du jeu, l'ASM fut méconnaissable. La défaite en Irlande ainsi que des choix plus que contestables pour un match de cette importance auront eu raison d'une saison quasi parfaite, ratant les dernières marches.
La fin d'un cycle ?
Difficile de se positionner sur cette question. Avec un groupe peu bousculé depuis plusieurs saisons, Clermont n'a réussi à gagner qu'un championnat en 2010 et la - petite - coupe d'Europe en 2007. Mais avec un groupe aux portes de réaliser un doublé exceptionnel cette saison, tout n'est pas à jeter pour la saison prochaine. Preuve en est avec cette incroyable série d'invincibilité à domicle, 60 matchs sans perdre depuis le 21 novembre 2009, soit près de 3 ans et demi. Dominer n'est pas gagner du côté de Clermont mais il serait bien que les jaunards intègrent un état d'esprit plus tueur dans les moments cruciaux.
Une chose est sûre, le manager du club Vern Cotter - la tête pensante du groupe présente depuis 2006 - partira à l'issue de la saison prochaine pour manager le XV d'Ecosse... à moins que cela ne se fasse avant. Un électrochoc salutaire ?