La chronique rugby du plaqueur plaqué

Si le football offre depuis des années l'exemple d'investisseurs étrangers renflouant massivement les caisses des clubs, le Top 14 offre un tout autre phénomène... celui du mécénat. En effet, Mourad Boudjellal permet au RC Toulon de retrouver depuis 3 saisons les hauteurs du championnat, tout de même devancé cette année par un Clermont stratosphérique. Mais les valeurs rugbystiques apportées par la compétence des coachs peuvent permettre à n'importe quelle équipe de chavirer dans le haut du tableau, à l'image de Castres actuellement.
Le championnat français affiche donc une pléiade de stars - françaises et étrangères - faisant de lui le meilleur au monde. Quel autre championnat français peut se targuer d'être le meilleur ? Le paradoxe vient de notre XV de France, dernier du Tournoi des 6 Nations 2013 et toujours pas vainqueur d'une Coupe du monde après une troisième finale perdue en 2011.

Une saison 2012/2013 logique

Les ogres : Clermont, Toulon et Toulouse se retrouvent sur le podium de la saison régulière. Après une saison de - très - haut niveau, Clermont (1er) et Toulon (2e) sont logiquement qualifiés directement pour les demies, laissant Toulouse jouer un match de barrage à domicile remporté facilement face au Racing Metro, 6e de la saison. 

Les outsiders : en number one Castres. Le club tarnais, loin d'avoir le budget des gros, arrive chaque année à faire figure de prétendant au tire. Le CO s'impose dans un match débridé - encore - face à Montpellier pour la 2e fois en 3 ans. Montpellier et le Racing Metro ferment donc la marche des qualifiés pour les phases finales en terminant 5e et 6e de la saison régulière. Le classement a été respecté, les 3ème (Toulouse) et 4ème (Castres) rejoignent logiquement les deux premiers pour les ½ finale, les 5ème et 6ème se contentent de préparer et de pouvoir jouer la future H-Cup, nourrissant tout de même des regrets vis à vis du dernier carré.

Le flop : Agen, 13e. C'est la seconde relégation après celle de 2007. La dure loi du professionnalisme touche les hommes de l'enfant du pays, Philippe Sella, directeur rugby du club. Avec 7 défaites bonifiées, les Agenais sont passés près de victoires importantes.

Le courageux : Mont-de-Marsan. Bon dernier avec seulement 2 victoires, le club fut dernier du début à la fin, une première. Tous les spécialistes accordent un mérite et un courage à cette équipe au (triste) plus petit budget qui ne cesse de faire l'aller-retour avec l'échelon inférieur ces dernières années.

Et les autres...

7e   Perpignan a alterné le bon et le moins bon avec une demie-finale européenne. Les arrivées d'un nouveau staff pour les futures saisons ainsi que celle de la pépite bordelaise Camille Lopez, inaugurent de beaux jours.   8e et 9e   Changement de hiérarchie au Pays Basque où Bayonne termine devant Biarritz, une première depuis 15 ans.   10e   Stade Français, hors du Top 6 français depuis plusieurs saisons. Principalement la faute aux changements de staff lors de chaque inters-saisons perturbant logiquement l’effectif parisien qui ne peut travailler dans la durée. Mais le futur recrutement et le nouveau stade annoncent un renouveau.   11e   Grenoble. Champion de Pro D2 la saison passée, le club aura assuré rapidement le maintien avant de terminer en roue libre.   12e   Bordeaux-Bègles. Une saison compliquée avec la participation à la petite Coupe d'Europe qui aura mangé des forces mais un maintien finalement obtenu grâce à un effectif conséquent au dépend de Agen.

Un championnat fort, et pourtant...

Un Tournoi des VI Nations historique avec la place de dernier pour les Bleus mais une HCup aux couleurs 100% françaises. Comment expliquer une finale française alors que le rugby français semble en crise? Tout simplement par le niveau international de nos deux plus grosses formations qui sont Clermont et Toulon, s’appuyant sur des joueurs de prestige français et internationaux. De plus, quelles équipes en Europe peuvent se permettre d’aligner deux équipes compétitives ? Très peu. Les autres rugissants de l’Outre-Manche deviennent vieillissants - provinces irlandaises du Munster et Leinster - n'étant plus en mesure d’accrocher le Graal. Les Anglais des Saracens, brandis de la nouvelle génération anglaise auraient pu se rendre en final mais ont croisé un certain Wilkinson sur l’avant dernière marche.

Petit mot sur l’Europa League du Rugby, l'Amlin Challenge Cup. Une coupe controversée par les ambitions de clubs à son égard. Elle ressemble plus à une Mickey Cup pour les clubs jouant leurs maintien en Top 14 qui envoient une équipe bis voire espoir lors des rencontres. Mais elle devient très sérieuse pour des clubs un peu plus huppés comme Perpignan, le Stade Français ou Biarritz, naviguant dans le ventre mou du championnat.

Plus que deux ans avant la Coupe du Monde en Angleterre

Un championnat qui attire toutes les stars du monde entier (avec celui du Japon), un monopôle européen avec 3 clubs français dans les deux finales mais des résultats décevants pour l’Equipe de France. Les choix du manager Philippe Saint-André peuvent être contestés mais ceux de Marc Lièvremont l’étaient aussi de 2008 à 2011 avant d’amener les Bleus en finale de la Coupe du Monde et perdant le Webb Ellis pour un petit point. L’Equipe de France doit retrouver le goût de la victoire pour repartir de l’avant avec des hommes dont les plus grandes nations nous envie : Picamoles, Fofana, Dulin pour ne citer qu’eux. La France s’envolera en Nouvelle-Zélande cet été, pas sûr que ce pays du long nuage blanc soit le lieu propice pour retrouver confort. Mais après tout, la Coupe du Monde n’est qu’en 2015...